Parce qu’elle inspire le calme et la sérénité, l’Asie est une destination que beaucoup de voyageurs privilégient. Si la Chine, le Japon et l’Inde se révèlent être des écrins de nature et de culture incomparables, il ne faut pas oublier de visiter leurs voisins, plus discrets mais non moins séduisants, tels que le Népal, le Laos ou encore la Birmanie.
Asie
À bord du Darjeeling Limited, sur les rails du sous-continent indien
L’hiver bat son plein, il fait froid, il fait gris… vous rêvez d’un peu de chaleur, du retour des beaux jours… et si vous voyagiez sans bouger de chez vous ? Imaginez l’Inde, ses couleurs vibrantes, ses effluves épicées, ses temples hindous à l’architecture majestueuse, ses paysages à la terre ocre et les montagnes himalayennes, le tout réuni dans un road movie décalé : embarquez à bord du Darjeeling Limited et traversez le sous-continent depuis le confort de votre canapé !

Les trois frères
Sorti dans les salles obscures en 2007, À bord du Darjeeling Limited, 5e long métrage du réalisateur américain multi-primé Wes Anderson, suit le périple des frères Whitman, en froid depuis la mort de leur père, un an auparavant. Afin d’enterrer la hache de guerre et ressouder la fratrie, l’aîné, Francis (interprété par Owen Wilson), tout juste rescapé d’un accident de moto, décide d’entreprendre avec ses frères Jack (Jason Schwartzman) et Peter (Adrien Brody) un voyage en train dans le nord de l’Inde.
Avec son fidèle assistant Brendan, il planifie l’itinéraire, organise le séjour – et confisque le passeport de Jack et Peter afin de s’assurer qu’ils accomplissent le voyage jusqu’au bout… ! Le but, dont il souhaite garder le secret, est effectivement d’amener les trois frangins jusqu’à un monastère catholique au fond de l’Himalaya, où leur mère vit recluse depuis plusieurs années. Tout un programme ! Bientôt, des tensions entre les frères éclatent, le cadet et le benjamin se rebellant contre le caractère autoritaire de l’aîné. Entre rencontres et rebondissements, le voyage ne se passe pas tout à fait comme prévu et mène la fratrie sur un autre chemin…

Carte postale indienne
Odyssée familiale loufoque aux personnages attachants mais tourmentés, cette comédie dramatique compte un autre protagoniste de premier plan : l’Inde. Embarqué à bord de ce train bleu, le spectateur est un passager sous l’œil duquel défile les paysages des campagnes du nord du pays, entre villes et villages, désert et vallées. Pourtant, de Darjeeling le film n’en a que le nom ! S’il a bien été filmé en Inde, c’est au Rajasthan que l’équipe de tournage a posé son équipement. La scène d’ouverture, notamment – où l’on suit un Bill Murray en businessman pressé à bord d’un taxi slalomant entre les motos et les tuks-tuks, dans une ambiance toute caractéristique des grandes villes indiennes – a été filmé à Jodhpur. La ville d’Udaipur et le désert de Thar, près de la frontière pakistanaise, ont également servi de décor.
Et, dans la réalité, point de Darjeeling Limited à l’ambiance feutrée : s’il existe bien un train touristique pour relier Darjeeling (le Toy Train de la Darjeeling Himalayan Railway), celui du film a été créé de toute pièce ! S’inspirant des intérieurs 20th Century Limited qui reliait autrefois New York à Chicago, l’équipe de production a remodelé un train aux couleurs de l’Indian Railway, alliant le style Art déco aux motifs traditionnels du pays.
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Un voyage en soi
Dans cette Inde un brin désuète, parfois cliché, toute la patte de Wes Anderson se déploie, avec son sens du détail et son goût de l’esthétisme si caractéristiques, son obsession de la symétrie, sa palette aux couleurs vives, sa galerie de personnage tristes et loufoques. Dans un scénario bien ficelé qui laisse parler la beauté du pays, on se laisse entraîner par cette fratrie haute en couleur, passant du rire à l’émotion.
Le film décortique avec finesse les joies et les peines des relations familiales, évoquant tour à tour le processus de deuil, le conflit, le pardon… C’est aussi le portrait d’une quête personnelle et spirituelle pour chacun des personnages. De quoi ce voyage est-il le prétexte ? Que va-t-on chercher dans en partant au bout du monde ? Le trajet en train est d’abord un trajet aux confins de soi pour Francis, Peter et Jack : finalement, peu importe la destination, c’est le voyage qui importe.
Découvrez l’Inde du Nord au cours de nos circuits Rajasthan et Rajasthan découverte
En savoir plus
Découvrez la bande-annonce du film (en VOST) : https://www.dailymotion.com/video/x23h2hv
Pour découvrir l’envers du décor du film, regardez le making-of (en VO) : https://www.youtube.com/watch?v=9MQD2-TU7IY
Par Flavie Thouvenin
Bonne année du lapin d’eau ! Vous n’êtes sans doute pas passé à côté : le dimanche 22 janvier dernier, la Chine et l’est du continent asiatique célébraient en grande pompe le passage à la nouvelle année selon le calendrier chinois, avec quelques semaines de décalage sur le calendrier grégorien. L’occasion pour nombre d’entre nous d’observer les traditions diverses marquant le début des festivités, via nos écrans ou bien directement sur place pour les citadins et les plus globe-trotteurs !

Sous le cycle de la lune
Le Nouvel An chinois, aussi appelé Nouvel An lunaire, a lieu lors de la deuxième nouvelle lune après le solstice d’hiver. Il marque le début de l’année selon le calendrier chinois, l’un des plus anciens calendriers, attribué à la dynastie des Han de la Haute Antiquité chinoise – selon la tradition, il serait le fait du fameux « Empereur jaune », père de la civilisation chinoise, qui aurait régné aux alentours de 2697 à 2598 avant Jésus-Christ. Luni-solaire, le calendrier chinois se base ainsi sur les cycles de la lune : chaque mois compte 28 jours, commence par la nouvelle lune et le 15e jour du mois coïncide avec la pleine lune. Afin de se synchroniser avec l’année solaire sur laquelle est basée le calendrier grégorien, 7 mois sont intercalés tous les 19 ans. Si la Chine moderne est passé au début du xxe siècle à l’usage du calendrier grégorien, le calendrier chinois demeure la référence en matière de fêtes traditionnelles, en Chine continentale comme en Asie de l’Est à Hong-Kong, Taïwan, Macao et en Corée, ainsi qu’en Asie du Sud-Est en Malaisie, en Indonésie, à Singapour, Brunei, en Thaïlande, au Vietnam ou encore aux Philippines.


Les préparatifs
Débutant par la fête du printemps, les festivités du Nouvel An chinois durent pas moins de quinze jours, pour s’achever avec la fête des Lanternes. En réalité, elles commencent même un peu plus tôt… Traditionnellement, à l’approche de la date fatidique, on allume des pétards afin de chasser les esprits maléfiques. Une tradition qui fait le bonheur des adolescents ! Encore observée dans les campagnes, la tradition tend à disparaître dans les grandes villes. Seconde étape, essentielle : le grand nettoyage de la maison ! En effet, il s’agit de se débarrasser de toutes les mauvaises ondes des mois passés afin de débuter la nouvelle année sous les meilleurs auspices. Ensuite, on décore – avec du rouge, symbole de chance. Les rues se parent de lanternes et dans les maisons on suspend des inscriptions calligraphiées sur des bandes de tissu ou de papier. Enfin, le soir du réveillon, la famille se réunit autour d’un copieux repas, le plus important de l’année. Traditionnellement, en Chine, on y sert du poisson, signe d’abondance, des raviolis et du gâteau de riz gluant – mais les plats varient selon les régions et les pays. Et selon la coutume, on se couche le plus tard possible : ce serait gage de longévité…


Un début d’année tout en festivités
Le premier jour de la nouvelle année est consacré aux visites. Ainsi, il est de bon ton dans un premier temps d’aller au temple allumer de l’encens et se recueillir sur les tombes de ses ancêtres. Puis il faut, dit-on, “saluer l’année” : on rend ainsi visite aux aînés et aux proches afin de leur souhaiter la bonne année. Les plus jeunes présentent leurs vœux et reçoivent en échange des hong bao, ces fameuses petites enveloppes rouges contenant quelques billets. Un moment très apprécié des enfants et des adolescents ! Le deuxième jour, les femmes mariées se rendent dans leur famille car c’est dans la famille du mari qu’il convient de célébrer le réveillon… Le troisième jour, selon la superstition, il faut faire le moins de bruit possible afin, exceptionnellement, de ne pas déranger les souris de la maison ! Les célébrations se poursuivent ainsi pendant plusieurs jours.
Après plusieurs jours de réjouissances, au 15e jour du nouvel an lunaire, les festivités prennent fin avec la fête des Lanternes. À cette occasion, les rues et les temples sont décorés de lanternes et lampions. Le son des tambours et cymbales rythment les danses et défilés folkloriques, telles les fameuses danses du lion et du dragon censées chasser les monstres et les mauvais esprits. Autrefois, il était de coutume d’allumer des lanternes et les laisser s’envoler (une pratique aujourd’hui bien souvent interdite par souci de sécurité). Désormais, on sort en famille à la nuit tombée pour admirer les feux d’artifices, et l’on se délecte de tangyuan ou yuanxiao, petites boulettes de riz sucrées servies dans une soupe. La nouvelle année peut maintenant commencer sous les meilleurs auspices !

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Le lapin d’eau, kézako ?
Selon l’astrologie chinoise, le zodiaque compte 12 signes correspondant à un animal : le rat, le bœuf, le tigre, le lapin (parfois substitué par le lièvre ou même le chat), le dragon, le serpent, le cheval, la chèvre (parfois appelée le mouton ou le bouc), le singe, le coq, le chien et le cochon (parfois nommé le sanglier). Chaque année est associée à un signe, auquel on ajoute l’un des 5 éléments (métal, eau, bois, feu, terre), déterminé par le dernier chiffre de l’année. 2023 est ainsi placée sous le signe du lapin d’eau. Dans la culture chinoise, le lapin représente la paix et la prospérité, et l’eau apaise les tensions, adoucit les esprits. 2023 s’annonce comme une année placée sous le signe de l’espoir, meilleurs voeux !
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Le Rajasthan, une région à découvrir les yeux grand ouverts… d’étonnement
Par Mathilde Briot

Parmi tous les voyages que j’ai eu la chance de réaliser, il est une région du monde que j’affectionne particulièrement : le Rajasthan. J’ai pu accompagner chacun des deux circuits proposés par Arts et Vie : « Rajasthan » (16 jours) et « Rajasthan découverte » (12 jours), et j’ai adoré ces deux programmes. Mais pourquoi un tel coup de cœur ? Rappelons déjà que le Rajasthan, ce « pays des seigneurs », est le second État indien par sa superficie, équivalente aux deux tiers de la France environ. Les étapes sont certes longues, mais elles sont rythmées par des scènes de vie locale, assurant un spectacle permanent le long des routes et des villages traversés. Les circuits sont très bien rodés, mais ils laissent également place à l’inattendu, et chaque voyage a apporté son lot de très belles surprises.
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Rencontres animalières
J’ai eu la chance de voir des milliers de grues demoiselles venues prendre leur quartier d’hiver à Khichan. Cet oiseau migrateur passe en effet la période de reproduction dans les steppes eurasiennes avant de chaque année rejoindre l’Asie du Sud pour y demeurer le temps de la saison froide. Grand échassier aux ailes blanches ou grises, au cou et à la tête noirs, il est devenu un symbole de beaucoup de pays d’Asie grâce à sa silhouette élégante. Les voir rassemblés par milliers fut un spectacle que je ne suis pas près d’oublier.
Une autre fois, ce fut la découverte du curieux nigault, une antilope gris-bleu, bien présente en Inde mais assez farouche, qui suscita mon admiration.
Des croyances aux couleurs locales
L’Inde est bien connue pour être la patrie des contradictions où coexistent traditions et modernité. La ferveur religieuse y est partout présente. Nous visitons bien sûr les temples bijoux des Jaïns, connus pour la variété, la finesse et la beauté de leurs détails sculptés. Le temple d’Adinath notamment, est un pur joyau à l’architecture d’une complexité extrême. Construit intégralement en marbre blanc, il renferme 1 444 piliers ciselés, tous différents, présentant des motifs végétaux, géométriques ou animaliers. Petite particularité : une de ces colonnes est volontairement penchée, afin de rappeler que seul Dieu est parfait.

Mais le hasard conduit parfois nos pas dans de petits temples tout à fait étonnants : je me souviens ainsi de ce « temple des motocyclettes » rendant hommage à un motard décédé sur la route, où les habitants de la région viennent prier avec leurs deux-roues pour obtenir protection lors de leurs trajets à moto.
Les Indiens sont également très attachés à l’astrologie, qui leur permet notamment de déterminer l’ouverture de la « saison des mariages ». Plusieurs fois, au coucher du soleil, j’ai croisé ces cortèges nuptiaux où le marié en tête, tout de blanc vêtu et monté sur une jument blanche, part chercher son épouse, accompagné d’un orchestre ambulant éclairé par des porteurs de réverbères. Évidemment, cette petite troupe paralyse alors complètement la circulation routière ! À tel point qu’une fois, notre guide est descendu du car pour faire la circulation au milieu des voitures indisciplinées afin d’arriver à désengorger la situation et nous permettre enfin d’avancer. La fameuse débrouille indienne !

L’anniversaire du maharana
Mon plus beau souvenir du Rajasthan eu lieu à Udaïpur, lors de la visite du City Palace. Ce dernier est divisé en trois parties : une aile toujours habitée par le maharana actuel, une autre transformée en hôtel de luxe et une troisième partie, la principale, qui abrite un musée, inscrit au programme Arts et Vie.
Le jour de notre visite, le 13 décembre 2012, tombait le jour de l’anniversaire du maharana. Bien que cette famille royale n’ait plus de pouvoir officiel, elle est encore très importante pour la population d’Udaïpur. Tous les ans, à l’occasion de son anniversaire, le maharana ouvre les portes de sa demeure et organise une grande fête. Notre guide nous a proposé d’y assister : aller saluer le maharana et voir ainsi le banquet qu’il offre à la population.
Nous sommes donc rentrés dans la partie privée et, après avoir retiré nos chaussures, nous avons fait la queue au milieu des Indiens – un peu d’attente dans cette file indienne qui prenait là tout son sens – pour saluer le maharana et son fils, tous deux en habits de fête. Nous nous sommes inclinés devant eux et avons échangé une poignée de mains en déclinant notre prénom, suivi d’un « France » tonitruant ! Puis, nous avons vécu quelques instants magiques dans cette ambiance festive, digne d’un conte des Mille et une nuits : des fleurs à profusion, des officiels parés de leurs plus beaux saris et brocards, et un orchestre avec, bien sûr, des joueurs de cornemuse.
Le Rajasthan est décidément une région à découvrir les yeux grand ouverts… d’étonnement !

À découvrir avec les circuits Arts et Vie : Rajasthan et Rajasthan découverte
Les nouilles, l’autre spécialité de la Corée !
par Flavie Thouvenin
Si la cuisine du pays du Matin calme gagne en popularité ces dernières années dans nos contrées occidentales, on en connaît surtout son fameux barbecue, à la viande savoureuse, et le bibimbap, mélange de riz, de viande et de légumes, qui s’affichent à la carte de tous les restaurants coréens de l’Hexagone. Pourtant, la gastronomie coréenne a bien plus à offrir ! Parmi ses spécialités, les plats de nouilles sont légion : en soupe, en accompagnement ou en plat principal, nouilles de blé, de riz ou même de patate douce, elles se dégustent chaudes… ou froides, et parfois même glacées ! Le bibim guksu est un de ces plats de nouilles froides incontournables des tables coréennes l’été : une recette originale et rafraîchissante, simple et rapide à réaliser ! Nous vous en proposons deux versions : la plus classique, à la pâte de piment, bien épicée, et une version plus douce, à base de sauce soja, pour ceux dont les papilles craignent le feu des épices !

Bibim guksu
Ingrédients (pour 2 personnes)
Pour les nouilles et l’accompagnement
- 200 g de somyeon (fines nouilles de blé coréennes, équivalents des somen japonaises, trouvables en épicerie asiatique)
- la moitié d’un concombre (ou un petit)
- 1 œuf
- graines de sésame
Pour la sauce, version épicée
- 3 cuillères de soupe de gochujang (pâte de piment incontournable de la cuisine coréenne, trouvable en épicerie asiatique) (attention, ça pique ! pour une version moins épicée, baisser la quantité de gochujang)
- 3 cuillères à soupe de vinaigre (de riz ou de cidre)
- 3 cuillères à soupe de sucre
- 1 cuillère à soupe d’huile de sésame
- 1 cuillère à soupe de sauce soja
- 3 gousses d’ail hachées
Pour la sauce version non-épicée
- 3 cuillères à soupe de sauce soja
- 2 cuillères à soupe d’huile de sésame
- 2 cuillères à soupe de sucre
- 2 cuillères à soupe de vinaigre (de riz ou de cidre)
- 3 gousses d’ail hachées
- sel, poivre

Recette
Commencez par faire cuire l’œuf dur et coupez le concombre en julienne puis réservez l’ensemble.
Préparez la sauce : dans un bol, bien mélanger tous les ingrédients, selon que vous optiez pour l’option classique épicée, ou bien pour la version non-épicée.
Faites cuire les nouilles someyon. Attention, elles nécessitent une technique de cuisson un peu particulière. Pas de panique, c’est très simple ! Commencez par faire chauffer un grand volume d’eau. Lorsqu’elle frémit, ajoutez-y les nouilles. Quand l’eau se met à bouillir très fort, ajoutez-y un verre d’eau fraîche. Répétez l’opération une ou deux fois dès que l’eau se remet à bouillir, en prenant soin de ne pas surcuire les nouilles (4-5 minutes de cuisson suffisent).
Immédiatement après cuisson, égouttez les nouilles une première fois puis passez-les sous l’eau froide : l’idéal est de les frotter sous le jet d’eau fraîche, directement à la main. Attention à ne pas vous brûler ! Puis, bien égoutter à nouveau.
Dans un grand saladier, déposez les nouilles, versez la sauce et bien mélanger pour qu’elles soient uniformément nappées.
Il est déjà temps de dresser ! Dans des assiettes creuses ou des bols individuels, déposez une portion de nouilles puis surmontez-la de julienne de concombre, d’une moitié d’œuf dur et saupoudrez de graines de sésame. C’est prêt ! Bon appétit !
Découvrez notre circuit en Corée du Sud : Au pays du Matin calme

Arirang, le son de la Corée
Par Flavie Thouvenin
Chant traditionnel plusieurs fois centenaire, Arirang est un monument du folklore coréen, connu dans tout la péninsule comme hors de ses frontières. Rien d’étonnant alors à que ce symbole national soit inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco – par deux fois – : en 2012 pour la République de Corée, au sud, et en 2014 pour la République populaire démocratique de Corée, au nord ! Au restaurant, à bord des bus et des taxis, dans les émissions populaires à la télévision, aux abords des stades : Arirang fait résonner sa mélodie aux quatre coins du Pays du matin calme…
Aux origines : itinéraire d’un emblème national
En réalité, Arirang n’est pas une seule chanson, mais un vers et une mélodie commune dont le reste des paroles se sont déclinées au gré des régions et au fil de l’histoire… On dénombre ainsi aujourd’hui pas moins de 60 versions différentes d’Arirang, comptant elles-mêmes près de 3600 variations ! La version originelle, quant à elle, viendrait de Jeongseon, dans la province de Gangwon (au nord de la Corée du Sud) et remonterait à plus de 600 ans !
Son origine demeure toutefois un peu floue, les spécialistes se disputant plusieurs hypothèses sur l’étymologie de son titre : certains l’attribuent au col Arirang de la région, d’autres y voient une référence à lady Aryong, femme du premier roi du royaume de Silla, quand d’autres estiment qu’il s’agit de la contraction de deux termes « ari » et « rang » que l’on traduirait en français par « mon bien-aimé »/« mon bel amour »). L’histoire qu’elle raconte fait aussi débat : il pourrait s’agir d’une réécriture d’un mythe de la région de Gangwon racontant les aventures d’une jeune femme inquiète pour son fiancé parti en route pour Séoul, mais rien ne permet d’attester la véracité de cette allégation.
Une mosaïque musicale
Si sa création remonterait donc au XIVe siècle, ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que la chanson gagna en popularité. Ainsi, selon la légende, Arirang aurait été introduite dans la région de Séoul par des travailleurs de Gangwon recrutés en 1867 pour participer à la reconstruction du palais de Gyeongbokgung, sous la dynastie Joseon. Vraisemblablement, l’exode rural la répandra dans tout le pays, donnant naissance à une multitude de versions régionales.
Ainsi, si Jeongson Arirang est la version première, Bonjo Arirang (également appelé Seoul Arirang), originaire de Séoul et sa province, est aujourd’hui la version la plus populaire en Corée du Sud et à l’étranger (« bonjo » signifiant standard), popularisée en 1926 par le succès du film éponyme Arirang. Gyeonggi Arirang, Jindo Arirang, Miryang Arirang… les versions se multiplient au cours du temps, grâce à une composition simple propice à l’improvisation de nouvelles paroles et à son adaptation à divers genres musicaux. En Corée du Nord, elle n’a pas échappé à la propagande d’État, Kim Il-Sung ayant fait modifier ses paroles en un hymne à la gloire de la nation nord-coréenne et son armée, la renommant Gunmin Arirang (Arirang du peuple)…
L’âme de la Corée
Avec son refrain entêtant (« arirang, arirang, arariyo ») et son air nostalgique, Arirang est devenu un symbole fort de l’identité nationale coréenne, au nord comme au sud. De nombreuses variations ont notamment vu le jour sous l’occupation japonaise, en faisant un chant de résistance patriotique face à l’impérialisme nippon. De nos jours encore, Arirang, à travers ses innombrables contributions collectives, continue d’évoquer l’histoire des deux Corées et de son peuple. Elle incarne le « han », ce sentiment caractéristique de « l’essence coréenne », entre tristesse et ressentiment, à l’image de la saudade portugaise.
Entonnée lors des matchs par les supporters de l’équipe de football nationale, elle est source d’inspiration dans la musique mais aussi dans le cinéma, la danse, la littérature… Interprétée par nombre d’artistes coréens, elle inspire aujourd’hui jusqu’aux nouvelles générations. Chant traditionnel mais surtout populaire, elle est souvent désignée comme l’hymne non officiel de la Corée et d’aucun dirait que l’écouter, c’est déjà un peu y voyager…
Écoutez Arirang :
- Dans une version traditionnelle, interprétée par un orchestre et une chorale de jeunes femmes en hanbok, le costume traditionnel coréen :
- Par l’orchestre philharmonique de New York, lors d’une visite à Pyongyang en Corée du Nord, 2008 :
- Jeonson Arirang version jazz, chantée par la chanteuse de jazz sud-coréenne Nah Youn-Sun :
- Par la jeune chanteuse IU, très populaire en Corée du Sud :
- Reprise par le groupe de pop coréenne BTS, aujourd’hui superstars de la scène pop internationale :
Découvrez la Corée du Sud avec le circuit Arts et Vie : Au pays du Matin calme