Chefs-d’œuvre en péril #2 – Équateur (Galápagos)

par Emmanuelle Bons

Si la crise climatique, les questions énergétiques et l’urgence de repenser les pratiques touristiques occupent une large part de l’espace sociétal, il reste parfois difficile de saisir les conséquences concrètes et à courts termes de ces problématiques. Arts et Vie vous propose donc un tour du monde des trésors culturels mis en danger par la main de l’homme afin de poser un regard lucide et éclairé sur la planète. Loin de tout pessimisme, cette série d’articles a pour ambition de sensibiliser et d’alerter sur l’importance d’agir ensemble à tous niveaux pour freiner des phénomènes que l’on espère réversibles.

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Les Galápagos, un paradis en danger

Les Galápagos constituent un archipel unique, un lieu hors du temps, dont la flore et surtout la faune, merveilleusement préservées, constituent un laboratoire vivant inestimable. Si ces terres éloignées d’environ 1 000 km de la côte équatorienne ont été découvertes en 1535, elles ne furent pas colonisées avant les années 1800 en raison de leur caractère inhospitalier. Malheureusement, ce grand isolement n’a pas suffi à ces îles pour être épargnées par la pollution qui menace de plus en plus sérieusement ce fragile et précieux écosystème.

Une terre refuge

Composés de 13 îles principales, de 6 îles plus petites et de 107 rochers et îlots, les Galápagos constituent un refuge pour de nombreuses espèces parfois uniques en leur genre et restent un territoire d’investigation pour les chercheurs. Tortues géantes, iguanes terrestres, manchots, fous à pieds bleus, otaries… Une faune si préservée qu’elle inspira la théorie de l’évolution à Darwin après son séjour en 1835. Cette réserve unique en son genre mérite donc une surveillance accrue en raison des dangers que l’activité humaine, même éloignée, fait peser sur ce fragile écosystème.

Des déchets venus de loin

L’augmentation de la quantité de déchets dans les grandes métropoles et leur mauvaise gestion menacent les territoires et les eaux des Galápagos. Les ordures dégradées en microparticules de plastique arrivent en effet à pénétrer l’organisme des animaux marins, affectant leur santé à court ou moyen terme. Ces déchets affectent également l’écosystème fragile de l’archipel, y compris le long des côtes des îles inhabitées où ils sont rapportés par les courants marins. Il n’est pas rare d’observer des bêtes emmêlées dans des filets, des sacs en plastique, ou même étouffés après avoir avalé des déchets flottants. Ce triste constat invite à nous interroger sur nos modes de consommation et en particulier sur les détritus que nous produisons au quotidien qui peuvent causer de graves dommage à des milliers de kilomètres de nous.

La pêche

La surpêche et la pêche illégale à grande échelle constituent également de sérieuses menaces pour l’écosystème marin si fragile des îles Galápagos. Un conflit majeur notamment oppose les autorités équatoriennes et les pêcheurs chinois, dont les normes de pêche sont totalement contraires à celles édictée par l’Équateur. En s’introduisant dans les eaux territoriales de l’Équateur ou trop proches des Galápagos, les bateaux chinois font courir de graves dangers à l’archipel en ne respectant pas par exemple la saisonnalité, en surexploitant les calamars ou en pratiquant la pêche au requin. Malgré les rappels à l’ordre, les autorités chinoises ne semblent pas prendre conscience des conséquences d’un tel comportement et violent l’esprit de la loi qui protège la réserve marine.

Un tourisme raisonné

Fort heureusement de nombreuses mesures de sauvegarde permettent de protéger l’archipel, comme notamment le développement d’un tourisme responsable, accueillant peu de visiteurs simultanément, dans des hôtels de petite dimension. Ainsi, Walter Bustos, directeur du parc national des Galápagos précise “Les particularités environnementales, sociales et biologiques de ce lieu unique nous obligent à fixer un plafond, à gérer le tourisme à partir de l’offre, et non à partir de la demande”. Visiter ces îles aujourd’hui répond à de multiples exigences qui assurent la protection de l’écosystème, tout en permettant une partie du financement des plans de sauvegarde.

Une température des eaux préservée (pour le moment)

Sur l’ensemble du globe, l’élévation de la température des océans de 2 °C par rapport à sa moyenne, associée à l’absorption accrue du dioxyde de carbone émis par l’homme, provoque une acidification océanique qui menace tous les écosystèmes. Fort heureusement les Galápagos sont encore préservées de ce phénomène grâce à un courant océanique froid qui va d’ouest en est. Tant que ces eaux continueront à refroidir l’océan, les coraux, véritables clés de voûte de la chaîne alimentaire, seront préservés. Impossible cependant pour les scientifiques de prévoir jusqu’à quand ce courant froid prédominera, d’autant plus que le courant El Niño vient, quant à lui, régulièrement réchauffer la température des eaux des Galápagos.

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